C'est notre tour …

On a marché sur l’eau !!!

Rapidement en manque de projet de voyage depuis notre retour, ça commence à nous démanger sévère dès les premiers jours de l’année. Les récents événements de notre ami Charlie ayant foutu à l’eau nos espérances de farniente à se la couler douce le long du Nil, il faut trouver une autre idée. Pour le chaud, apparement c’est raté… on réfléchit au Groenland et autres destinations polaires (c’est peut être con mais on trouve ça assez fun). Resultat des courses, on atterrit à Irkourstk au fin fond de la Sibérie pour partir découvrir les glaces du lac Baikal, la plus grande réserve d’eau douce au monde : 600 kms de long le bestiaux ! Ce qui est cool, c’est qu’il est complètement gelé 6 mois de l’année, la glace étant si épaisse que même les camions parviennent à le traverser.
Vu de France, on passe pour des sauvages : entre le froid (-30º la nuit, sans compter le blizzard qui s’invite souvent à la fête), le côté complètement perdu de la Siberie au point où la majorité des gens pensent que c’est un pays, c’est vrai que c’est pas une destination qui fait rêver… Avant de partir, on a même droit à des « ça fait plaisir de voir des gens partir en vacances et de ne pas les envier »… et pourtant, c’est sûrement une des expériences les plus depaysantes et des plus folles qu’on ai jamais vécues…
Dès notre arrivée à Irkourstk, on prend un choc frontal devant le décalage culturel : nous sommes bien loin de l’Europe (la distance entre Irkourstk et Moscou est plus grande qu’entre Paris et Moscou). Ici, tout semble figé dans le temps : les gens, les voitures, les maisons de bois hyper mignonnes, les décos hyper kitch des intérieurs, les barres d’immeubles répétées à l’identique… la froideur soviétique semble encore bien présente !

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Dès le lendemain, direction le Baikal avec un guide local Génia et nos 2 coéquipiers français Sixtine et Cédric. Après 4 heures de route dans la taïga, on arrive sur le lac au début duquel trône un panneau à la limite du pléonasme : « Attention verglas ». Ça n’a pas l’air de perturber le serial killer qui nous sert de chauffeur et qui roule à 80 km/h sur les 40 kms de « la petite mer » nous séparant de l’île d’Oklone. Les mauvaises expériences étant assez fréquentes (une dizaine de noyés par an, statistique largement gonflée par des Russes roulant avec 3 grammes d’alcool dans chaque bras), notre guide ne lâche pas la poignée de porte du van pour nous permettre une éventuelle évacuation rapide. Rassurant ???

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Après avoir fait la triste découverte de l’hospitalité à la russe (sûrement qu’il doit y avoir un quota de sourires à ne pas dépasser), on part faire nos premiers pas sur le lac. Et là, on comprend direct pourquoi on est venu. La glace est complètement transparente et laisse entrevoir les profondeurs infinies du lac : c’est limite si ça donne le vertige ! Cette immensité est quadrillée par des failles dans la glace qui dessinent des grandes ligne blanches traçant les formes les plus folles…

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Le soir, on fait l’expérience de notre premier bania, l’activité principale des Russes après la Vodka : une salle de sauna dans laquelle on commence par suffoquer entre 70 et 100 degrés. Une fois les pores bien ouverts, on se fait fouetter avec des branches de pin avant de se faire envoyer dans le froid sibérien pour se faire balancer un seau d’eau glacé dans la gueule. Au final, même si sur le coup on est pressé d’en finir, c’est très relaxant à tel point qu’on en redemande les jours suivants.

Le lendemain, on continue l’exploration de l’autre côté de l’île avant d’escalader les falaises à la recherche du plus beau panorama sur « la grande mer », là où le lac est le plus large. Les photos se passent de commentaires, c’est juste incroyable…

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Il est maintenant temps de se lancer dans l’expédition pour laquelle on est venu : la traversée du lac, une soixantaine de kms en 3 jours avec 2 nuits sous tente, sûrement l’un des plus beaux treks de notre vie, au milieu d’étendues de glace dont la structure ne cesse de changer. Dire qu’on avait peur que ce soit monotone !

Il faut quand même avouer qu’on n’a pas toujours été serein entre les histoires flippantes des locaux, les grondements qui nous rappellent qu’on est pas grand chose, sans compter notre cerveau qui a énormément de mal à assimiler le fait que ce n’est pas de l’eau mais bien de la glace, même quand en dessous c’est tout noir. D’ailleurs, le premier soir, lorsque Genia décide de planter la tente pile poile là où nous on se dit « c’est clairement le dernier endroit où je l’aurais planté », à savoir au milieu d’un chaos de failles expulsant des énormes blocs de glace, on fait pas vraiment les malins jusqu’à ce que l’on comprenne qu’en réalité, la glace ne se fissure pas en quelques secondes mais en plusieurs heures, voire en plusieurs jours. Encore une de ces déformations cinématographiques qui laisse des traces dans notre immaginaire :-)…

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Pendant ces 3 jours, on n’a rencontré absolument personne hormis un groupe de patineurs en balade le premier jour avec qui on a troqué quelques verres de vodka (à 10h du mât au beau milieu d’un lac, ils sont fous ces Russes) en échange de leurs patins à glace…

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… et nos copains les phoques pour qui nous avons du ramper une paire de fois pour tenter d’approcher leurs trous avant qu’ils ne replongent !

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Bref, au moment d’arriver de l’autre côté, on se dit qu’on est vraiment chanceux. Non seulement le soleil était au RDV et en plus les températures étaient largement au dessus des normales saisonnières. Du coup, pour l’expérience du vrai froid sibérien et pour les photos de barbe congelée, ce sera pour une autre fois ! On est même tellement chanceux qu’on arrive non pas sur la route comme prévu mais dans un camp d’évangélistes qui, après nous avoir offert le repas et après avoir reciter une prière pour nous protéger, nous ramène à la civilsation.

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Enfin, civilisation au sens sibérien, les rues du village où on atterri sont en terre et les maisons en bois, et le seul bar de la ville offre une ambiance champêtre à la limite du glauque… mais sans savoir l’expliquer,  ça a beaucoup de charme…

On y séjourne 2 nuits dans une famille absolument adorable et en profitons pour partir à la découverte des alentours et du mode de vie des pêcheurs. Il faut dire que c’est « open poissons » à tous les repas. Lors d’une session pêche improvisée avec une mini canne à pêche et des micro-crevettes plongées dans un trou de glace, on s’est même offert une pêche miraculeuse en sortant une dizaine de poissons chacun en moins d’une heure.

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Flash spécial bouffe en Russie :
Dire que la nourriture russe est loin d’égaler le raffinement à la française est un euphémisme : de notre expérience, la bouffe russe, c’est même franchement pas terrible !! La première mise en bouche commence dès le repas dans l’avion de la compagnie russe Aeroflot : Coline n’a pas pu avaler un seul des 3 repas, ça part bien…
Une fois arrivé sur place, c’est encore pire avec notre guide qui cherche à tout prix à nous faire découvrir les spécialités locales. L’intention est très bonne mais il est presque trop enthousiaste à l’idée qu’on tente absolument tout… OK alors allons y allonso, let’s go pour le festin ! Premier plat (apparement son favori, pas très rassurant…) un bouillon où flotte quelques patates et de la viande bouillie (à déterrer sous la couche de gras mais c’est pas si difficile, on l’appercoit grace aux canaux veineux…) puis le chewing gum russe absolument immonde (à nous faire regretter les feuilles de coca, si si si…), et en dessert la soupe d’abats (pour le coup seul Yannick a joué le jeu).
Sans compter que durant le reste du séjour, c’était rien que du poisson, toujours du poisson, encore du poisson… bouilli, en soupe, en gratin , salé,  fumé,  cru, grillé… c’est bon on a fait les réserves, on peut s’en passer pendant bien 3-4 ans :-).
Seul réconfort, les bouzis : ça ressemble à des bouchées vapeur chinoise fourrées à la viande hachée et aux oignons et c’est franchement bon !
Bref, Dieu bénisse les Twix qu’on avait ramené de France !

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Il est maintenant temps de quitter le lac pour rejoindre Oulan Oudé, l’autre grosse ville de Sibérie. Pas vraiment sublime mais encore une fois, le dépaysement est au RDV. On est plus qu’à 300 kms de la Mongolie et l’influence asiatique est très marquée. Surtout, c’est une des gares du transibérien que l’on empruntera pour rallier Irkourstk.

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Et là commence la mission : 8 heures de train de nuit, 4 heures d’attente à l’aéroport d’Irkourtsk, 5 heures de vol pour rallier Moscou, 7 heures de correspondance, 6 heures de vol jusqu’à Paris… trop tard pour prendre le RER, un bus de nuit et un taxi plus tard, on arrive chez nous à 2h du mât. On reprend le boulot à 9, ça risque de piquer un peu au réveil :-). Mais c’était tellement fou !

Cette entrée a été publiée le 31 mars 2015 à 2:03 et est classée dans Russie. Bookmarquez ce permalien. Suivre les commentaires de cet article par RSS.

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